Ada Lovelace


1815 - 1852

Angleterre

Informatique.


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Le documentaire sur
Ada Lovelace
par la BBC [en]

Ada Lovelace


Ada Lovelace est une pionnière de la science informatique, principalement connue pour avoir réalisé le premier programme informatique, lors de son travail sur un ancêtre de l'ordinateur : la machine analytique de Charles Babbage.
Dans ses notes, on trouve en effet le premier programme publié, destiné à être exécuté par une machine, ce qui fait considérer Ada Lovelace comme « le premier programmeur du monde ». Elle a également entrevu et décrit certaines possibilités offertes par les calculateurs universels, allant bien au-delà du calcul numérique et de ce qu'imaginaient Babbage et ses contemporains.
Elle est assez connue dans les pays anglo-saxons et en Allemagne, notamment dans les milieux féministes ; elle est moins connue en France, mais de nombreux développeurs connaissent le langage Ada, nommé en son honneur.


Biographie

Biographie


Ada Lovelace, de son nom complet Augusta Ada King, comtesse de Lovelace, née Ada Byron le 10 décembre 1815 à Londres, était la seule fille légitime du poète Lord Byron et de son épouse Annabella Milbanke. Annabella quitte Byron le 16 janvier 1816, gardant Ada avec elle. Le 21 avril, Byron signa l'acte de séparation, puis quitta le Royaume-Uni pour toujours. Il ne les revit jamais.

Annabella adorait les mathématiques, et fit en sorte que les tuteurs d'Ada lui donnent une éducation approfondie en mathématiques et en sciences, ce qui était tout à fait inhabituel à l'époque dans l'éducation d'une jeune fille de la noblesse. En 1832, Ada rencontre Mary Sommerville, éminente chercheuse et auteur scientifique du XIXe siècle, qui l'encouragea et l'aida à progresser en mathématiques. Le 5 juin 1833, Mary lui présenta Charles Babbage, et Ada - alors âgée de 17 ans - fut immédiatement fascinée par ses machines à calcul.

Elle se marie en 1835 avec William King, 1er comte de Lovelace avec qui elle aura trois enfants. La santé fragile d'Ada, mise à l'épreuve par les grossesses, ainsi que ses responsabilités de mère et de maîtresse de maison, la tiennent écartée de ses activités mathématiques jusqu'en 1839. À cette date, elle éprouve le besoin de reprendre l'étude des mathématiques et demande à Babbage de lui recommander un tuteur : le célèbre mathématicien Auguste De Morgan accepte cette charge. Ada prend confiance dans ses capacités en mathématiques, encouragée par les retours positifs de De Morgan.

En 1841, Ada a de nouveau des problèmes de santé, mais elle revient aux mathématiques fin 1842. Elle tourne dès lors entièrement son travail vers la machine analytique de Babbage, et propose à ce dernier ses services pour en poursuivre le développement et la promotion.

En octobre 1842, paraît en français, dans un journal suisse, une description de la machine analytique de Babbage réalisée par le mathématicien italien Federico Luigi. Charles Wheatstone propose à Ada Lovelace, qui a un bon niveau de français, de traduire ce mémoire pour le journal Scientific Memoirs spécialisé dans les articles scientifiques étrangers.

Elle passa neuf mois, entre 1842 et 1843, sur cette traduction. Babbage lui-même n'intervint que très peu, étant malade pendant cette même période, et la traduction lui fut présentée au début de l'année 1843 un peu comme un « fait accompli ». Il demanda alors à Ada pourquoi elle n'avait pas fait elle-même un mémoire présentant la machine analytique, ce à quoi elle répondit que l'idée ne lui était pas venue à l'esprit. Babbage proposa alors à Ada d'augmenter la traduction avec des notes développant et commentant certains aspects du mémoire, idée immédiatement adoptée avec enthousiasme par Ada.

S'ensuivit une période de travail frénétique sur ces notes, en collaboration étroite avec Charles Babbage qui annotait les brouillons, corrigeait les incompréhensions tout en encourageant et félicitant Ada de son travail. Elle ajouta à cet article sept notes, labellisées de A à G, représentant près de trois fois le volume de texte de l'article original. La note G s'appuie sur un véritable Algorithme très détaillé pour calculer les nombres de Bernoulli avec la machine. Le programme qui en résulte est souvent considéré comme le premier véritable programme informatique au monde, car les algorithmes décrits jusque-là n'étaient pas décrits avec un formalisme, dans un langage véritablement destiné à être exécuté sur une machine.

Dans d'autres notes, Ada Lovelace montre une perception des potentialités de la machine que Doron Swade considère comme « visionnaire, même dans une perspective moderne ». Babbage avait une vision de sa machine comme étant tournée vers le calcul numérique, avec à la limite des extensions vers le calcul algébrique avec la possibilité de manipuler des symboles plutôt que des chiffres. Mais il n'a jamais rien publié allant dans ce sens, et il n'a pas approfondi cette possibilité, allant même jusqu'à imaginer un autre type de machine spécifique pour les calculs algébriques. En revanche, Ada Lovelace décrit explicitement des possibilités allant au-delà d'un contexte mathématique, comme l'hypothèse que « la machine pourrait composer de manière scientifique et élaborée des morceaux de musique de n'importe quelle longueur ou degré de complexité ».

Un autre passage des notes d'Ada, cité par Doron Swade, illustre cette vision de calculateur universel :
« Beaucoup de personnes […] s'imaginent que parce que la Machine fournit des résultats sous une forme numérique, alors la nature de ses processus doit être forcément arithmétique et numérique, plutôt qu'algébrique ou analytique. Ceci est une erreur. La Machine peut arranger et combiner les quantités numériques exactement comme si elles étaient des lettres, ou tout autre symbole général ; en fait elle peut donner des résultats en notation algébrique, avec des conventions appropriées. »

Il fallut attendre les années 1930 avec Alan Turing pour formaliser une telle notion de calculateur universel qui manipule des symboles généraux, et abandonner la notion de calculatrice purement numérique.

Dans l’espoir de subventionner les projets de Babbage, qui n'avaient pas obtenu de financement du gouvernement britannique, Lady Lovelace se mit à jouer. Elle travailla à un système qui devait lui permettre de remporter le derby d'Epsom mais ne l'entraîna que dans l'accumulation de dettes.

Elle mourut à l'âge de 36 ans d'un cancer de l'utérus, le 27 novembre 1852 à Marylebone. Elle laissait deux fils et une fille. Cette dernière, Anne Blunt, est connue pour avoir voyagé au Moyen-Orient et pour avoir élevé des chevaux arabes.

Tombés dans l'oubli, Ada Lovelace et ses travaux furent exhumés avec l'avènement de l'informatique. Et c'est en son hommage qu'on a appelé Ada le langage de programmation conçu entre 1977 et 1983 pour le département de la Défense américain (DoD) par une équipe de CII Honeywell Bull dirigée par le Français Jean Ichbiah. L'idée de choisir le nom Ada est attribuée à Jack Cooper, du Naval Material Command, et remonte à juillet 1978.

Ada Lovelace est considérée par les historiens de l'informatique comme la première programmeuse de l'histoire. On peut voir notamment son portrait sur les hologrammes d'authentification des produits Microsoft.