Françoise Dolto


6 novembre 1908 - 25 août 1988

France

Pédiatrie, psychanalyse, vulgarisation.


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Françoise Dolto


Françoise Dolto est une pédiatre et psychanalyste française qui s'est consacrée à la psychanalyse des enfants. Reconnue pour sa pratique spécifique dans ce domaine mais également pour son apport théorique à la psychanalyse, en particulier sur l'image inconsciente du corps.


Biographie

Biographie


Françoise Dolto, née Marette, est issue d'une famille bourgeoise de conviction catholique et monarchiste. Sa mère Suzanne Demmler, est fille de polytechnicien, et son père Henri Marette est également ingénieur polytechnicien, devenu industriel. Quatrième enfant d'une fratrie de sept, elle est la sœur de Jacques Marette (1922–1984), ministre français des Postes et télécommunications de 1962 à 1967. Elle fut élevée de manière très traditionnelle.
Après sa naissance, elle est confiée à une nourrice irlandaise qui s'occupa beaucoup d'elle, au point que ses parents devaient lui parler anglais pour obtenir un sourire. Les parents renvoient brutalement la nourrice et Françoise, alors âgée de huit mois, attrapa une double bronchopneumonie, dont elle guérit après que sa mère l'eut tenue contre elle tout une nuit au plus fort de la maladie.
À huit ans, elle parle de devenir « médecin d'éducation » selon ses propres termes : « Un médecin qui sait que quand il y a des histoires dans l'éducation ça fait des maladies aux enfants, qui ne sont pas des vraies maladies, mais qui font vraiment de l'embêtement dans les familles et compliquent la vie des enfants qui pourrait être si tranquille. »
À douze ans, elle est profondément marquée par la mort de sa sœur aînée, Jacqueline, âgée de dix-huit ans, enfant préférée de sa mère. Celle-ci fait une dépression et accuse Françoise de ne pas avoir prié assez fort pour la guérison de sa sœur. Elle lui avait dit, la veille de sa première communion, que les prières d'un enfant très pur pourraient la sauver. Françoise Dolto rapportera plus tard : « J'ai vu ma mère souffrir au point qu'elle ne pouvait pas tolérer de voir un enfant handicapé dans la rue, j'étais à côté d'elle, comme ça, rétrécie de souffrance pour elle et pour l'enfant qu'elle injuriait (avec la mère de cet enfant qui poussait la voiture) “si c'est pas malheureux de voir ça vivre et des beaux enfants qui meurent, quelle honte !” (…) J'ai éprouvé comme ça des choses tellement douloureuses, avec une telle compassion pour les gens qui souffraient parce que je ne pouvais pas faire autrement. »
Pour sa mère, une fille n'a d'autre horizon que le mariage et elle lui interdit de poursuivre des études. À seize ans, elle doit affronter la volonté de sa mère qui ne veut pas la laisser passer son baccalauréat, car elle ne serait plus mariable. Néanmoins, elle va au lycée en classe terminale, en section « philosophie », de 1924 à 1925, au lycée Molière, à Paris, et passe son bac. En 1930 elle passe son diplôme d'infirmière. Un an après, elle commence ses études de médecine avec son frère Philippe (« en payant ses études avec l'argent qu'elle gagne »).
En 1932, elle rencontre le psychanalyste René Laforgue et participe aux débuts du freudisme français en commençant une psychanalyse avec lui, à partir de février 1934. Laforgue lui conseille de devenir elle-même psychanalyste, ce qu'elle refuse d'abord, voulant se consacrer à la médecine. Cette psychanalyse la libère de sa névrose, du poids de son éducation, de son milieu d’origine et de sa mère dépressive.
Au cours de sa formation médicale, elle rencontre Sophie Morgenstern, qu'elle assistera plus tard. Celle-ci a été l'une des premières à pratiquer la psychanalyse des jeunes enfants en France : elle lui confie la tâche d'écouter, et seulement écouter, les enfants qu'elle devait soigner. Ses patients seront surtout des enfants et des psychotiques. À la veille de la guerre, elle jette les bases d'une méthode psychanalytique de thérapie d'enfants centrée sur l'écoute de l'inconscient, et débarrassée du regard psychiatrique.
En 1939, elle soutient sa thèse intitulée Psychanalyse et pédiatrie, dans laquelle elle expose certaines bases de sa méthode de psychanalyse des enfants qu'elle développera au long de sa vie, notamment le fait de parler directement aux enfants de la réalité de leur vécu à l'aide d'un langage qui leur est accessible.
En 1938, elle rencontre également Jacques Lacan, lit Les Complexes familiaux, suit son enseignement à Sainte-Anne, et resta en lien étroit tout au long de son activité de psychanalyste, lui reprenant, parfois à sa manière, de nombreux concepts. Astrid Quemener rapporte que « les deux psychanalystes étaient amis et se vouaient une grande estime réciproque. Si Dolto disait parfois « ne pas comprendre ce qu'il écrivait », il lui rétorquait « qu'elle n'avait pas besoin de le comprendre puisqu'elle l'appliquait dans sa pratique », ce qui était plus qu'une politesse, puisque Lacan lui adressait ses cas les plus difficiles ».
En 1939, elle devient membre adhérente de la Société psychanalytique de Paris.

Vie professionnelle

Vie professionnelle


Françoise Dolto travaille en cabinet avec des adultes et en institution avec les enfants de 1940 à 1981.
En décembre 1942, elle est embauchée à temps plein dans l'équipe de Psycho-biologie et hygiène mentale du Centre de la mère et de l'enfant, une institution dépendant de la Fondation française pour l’étude des problèmes humains fondée par Alexis Carrel et financée par le gouvernement de Vichy, dont le projet était de régénérer l'homme sous le contrôle des scientifiques via l'eugénisme et le natalisme.
En février 1942, elle épouse Boris Ivanovitch Dolto. Ils s'intéressent tous deux aux rapports entre corps et psychisme, et leurs échanges sur ce thème seront très enrichissants. Ils ont trois enfants : Yvan-Chrysostome Dolto (1943–2008), devenu un chanteur populaire sous le nom de Carlos, Grégoire Dolto en 1944, devenu ingénieur, et Catherine Dolto en 1946, devenue pédiatre.
Elle commence à publier des textes importants dans les années 1956 - 1957, expose en 1960, au colloque international d'Amsterdam, le rapport commandé par Lacan sur la sexualité féminine, et devient au cours de cette période une « figure majeure du mouvement psychanalytique ».
En 1964, à la suite de la deuxième scission du mouvement psychanalytique français, elle participe, avec Jacques Lacan, à la création de l'École freudienne de Paris et développera au cours des années suivantes son enseignement dans ce cadre, notamment son séminaire sur la psychanalyse des enfants. En 1971 paraît Le Cas Dominique et une édition de sa thèse Psychanalyse et pédiatrie qui seront des succès en libraire.
Les émissions de radio qui donnent du retentissement à ses idées ont lieu, de 1976 à 1978, année où elle arrête ses consultations à l'hôpital Trousseau qu'elle tient depuis 1940, et arrête ses consultations privées l'année d'après, mais en continuant d'assurer l'Aide sociale à l'enfance à la pouponnière d'Anthony.
En 1979, elle lance la première « Maison verte », un lieu d’accueil d’enfants de moins de quatre ans, accompagnés de leurs parents ou d’autres personnes chargées d’eux, et même les futurs parents. Françoise Dolto souhaitait faire de la Maison verte « un lieu de rencontre et de loisirs pour les tout-petits avec leurs parents. Pour une vie sociale dès la naissance, pour les parents parfois très isolés devant les difficultés quotidiennes qu’ils rencontrent avec leurs enfants.» C'est « un lieu en partenariat avec les parents dans la sécurité de l'anonymat, qui n'a rien à voir avec un accueil anonyme, mais tout à voir avec l'idée de ne pas observer, ni évaluer les enfants ».
En 1980, l'École freudienne est dissoute par Lacan, qui meurt en 1981, tout comme le mari de Dolto, Boris. Elle fait ensuite encore paraître quelques ouvrages majeurs tels Au jeu du désir, L'Image inconsciente du corps, La Cause des enfants mais, atteinte de fibrose pulmonaire depuis 1984, elle meurt le 25 août 1988.

Travaux et apports

Travaux et apports


Françoise Dolto fut une fervente militante de la « cause des enfants », faisant de l'enfant en souffrance et de ses rapports avec la mère son domaine de prédilection. Plusieurs idées majeures ressortent de ses œuvres :

  • l'enfant est une personne;
  • tout est langage (gestes, regards…);
  • le « parler vrai » : ne pas mentir à un enfant car « on ne peut mentir à l'inconscient, il connaît toujours la vérité ». « L'enfant a toujours l'intuition de son histoire. Si la vérité lui est dite, cette vérité le construit »;
  • l'image inconsciente du corps : pour elle, les dessins des enfants représenteraient leur propre corps; la prise de conscience de son propre corps est une étape de la structuration du sujet et de l'individuation.
  • le « complexe du homard » : métaphore employée par Dolto pour représenter la crise d'adolescence; l'adolescence n'est pas simplement le travail de l’adolescent, et les crises d'adolescence sont une étape nécessaire; l’adolescence, c'est chuter pour mieux remonter.